mercredi 2 février 2011

BILAN D’EXPE


         Quatre semaines à l’autre bout du monde que l’on a à peine vu passer, et déjà l’aventure touche à sa fin ! Il en résulte une expérience enrichissante, faite de rencontres, de surprises et de déboires, qui s’inscrit dans la continuité de notre envie de découvrir le monde, au travers des lieux, personnes, et cultures qui le façonnent.

            J’ai récemment lu dans la revue argentine Kooch un article sur l’alpiniste Mauricio Fernandez intitulé « Disfrutar las expériencas por encima del logro », que l’on peut traduire par « Profiter des expériences plutôt que de la réussite ».
Cette phrase résume assez bien notre aventure.
           
            Certes nous n’avons pas eu de réussite concernant un quelconque sommet malgré trois tentatives, respectivement sur les aiguilles Guillaumet, Saint Raphael, et le Fitz Roy.
Néanmoins, cela nous a permis de parcourir la massif, de connaître les approches souvent longues et complexes, les bivouacs, et de se familiariser avec les conditions météo difficiles.

            Le voyage a plutôt mal commencé, avec la compagnie aérienne qui perd notre sac de matériel d’alpinisme la première semaine (sans lequel nous ne pouvons pas grimper), qui correspond au seul créneau de beau temps qui permettra une réelle activité sur le massif du Fitz Roy.
Au cours de cette même semaine, un alpiniste brésilien se tue dans la voie Affanassief, celle que nous désirions escalader. Libre à chacun d’interpréter cette coïncidence comme il le souhaite.

            Nous essayerons par la suite d’optimiser de courtes fenêtres météo qui n’en sont pas vraiment, avec des vents violents, de la pluie et de la neige, qui auront raison de nos deux premières tentatives.
Ensuite le mauvais temps s’installe sur El Chalten pendant plusieurs jours et nous attendons un ultime créneau, qui semble se dessiner sur les derniers jours.
            C’est parti, on boucle les sacs et on file au paso Superior pour bivouaquer, et tenter le lendemain la voie Franco-Argentine, car le vent tombe seulement une journée avant que le mauvais temps ne reprenne le dessus.
          Le lendemain, la matinée se déroule plutôt bien. Le mauvais temps des jours précédents a légèrement enneigé la face. Le début des difficultés semble, de visu, ne pas être en trop mauvaises conditions, mais le verdict tombe rapidement : les fissures sont obstruées par la glace. Il faut les nettoyer avant de pouvoir se protéger et progresser en artif, ça prend du temps, trop de temps, nous ne nous attendions pas à cela !
Il nous semble évident que nous n’atteindrons pas le sommet dans ces conditions.
Nous redescendons et vers 16heures les nuages se referment sur le Fitz Roy, l’aventure est terminée.

           Deux jours de bus nous attendent pour rentrer à Buenos Aires, où une dernière mésaventure viendra clore le séjour : malgré notre prudence, on se fait arnaquer par quatre personnes au terminal de bus qui réussissent à nous prendre un sac (qui contenait la caméra et d’autres affaires), quel dur retour à la réalité… !


Quel bilan tirer de tout cela ?
           
            Plusieurs mois de préparation, pas mal d’argent, un bagage égaré (puis retrouvé), trois buts en montagne, et un sac volé…
            Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas été très chanceux durant ce voyage, avec une nette impression de trainer un chat noir derrière nous…mais qui ne tente rien n’a rien ! C’est la vie.
Le fait de revenir sans avoir pu réellement grimper nous laisse un sentiment d’inachevé et de légère frustration, et même si nous savions que la météo dicte ses règles en Patagonie, c’est une autre expérience de le vivre.
Plutôt que de compter sur une fenêtre météo stable, il nous parait désormais préférable de se faire à l’idée de grimper dans des conditions médiocres, ce à quoi nous n’étions peut-être pas assez préparés ?
           
            Enfin, pour terminer sur une note positive, nous dirions que c’est certainement le plus bel endroit que nous ayons pu admirer, où paysages et lumières paraissent irréels, compensant largement le coté aléatoire d’une entreprise menée jusqu’au sommet.
Avoir parcouru les différentes vallées du massif nous a apporté une certaine connaissance de celui-ci, des difficultés que l’on peut rencontrer pour réaliser une ascension, et des conditions dans lesquelles il faut grimper pour mettre toutes les chances de son coté.
Malgré tous les déboires que nous avons vécus, l’envie de revenir terminer ce que l’on a commencé est déjà présente dans notre esprit.

            Un grand merci à nos familles et amis qui nous ont soutenu pendant ce voyage, ainsi qu’aux différents partenaires qui nous ont fait confiance sur ce projet (notamment Millet MXP, Optimus, Trek’n’Eat, Julbo, Black Diamond et Sterling Rope).